En l’espace de quelques années, l’intelligence artificielle s’est immiscée, qu’on le veuille ou non, dans tous les interstices de nos existences. Dissimulée dans les « app » qui nous guident, nous ambiancent ou font les devoirs de mathématiques à notre place, elle optimise les frappes de l’armée israélienne et peut nous offrir des conseils avisés dans nos relations affectives. Sait-on pourtant exactement ce qu’est l’IA ? Comment elle fonctionne, ce qu’elle peut, ce qu’elle ne pourra jamais et ce qu’elle pourra peut-être ?
Mathieu Corteel est philosophe et historien des sciences, il publie cette semaine Ni dieu ni IA (La découverte). Au gré d’un inquiétant voyage à la rencontre de cerveaux plongés dans des cuves, de robots dactylographes, de perroquets stochastiques, de policiers quantiques et de chatbots psychopathes, l’auteur propose d’« ouvrir le capot » pour comprendre les rouages, les paradoxes et les illusions tant épistémiques que techniques au cœur de cette nouvelle technologie.
De là, s’ouvrent quelques questions éminemment politiques et les désaccords logiques : peut-on séparer la mauvaise IA qui contrôle, ordonne, gouverne de la bonne qui soigne sans commettre d’erreur de diagnostic et réduit la pollution des embouteillages ? Faut-il y voir l’opportunité de gagner du temps pour certaines tâches ingrates ou la menace d’une destruction méthodique de toute expérience et créativité humaine ? Faut-il voir dans l’IA en même temps que le dernier avatar du capitalisme cognitiviste l’émergence possiblement émancipatrice d’une commune intelligence collective ? On en discute dans ce lundisoir.
00:00 Coucou ChatGPT
2:46 De quoi parle-t-on lorsqu'on parle des IA ? Une petite généalogie
6:59 Pourquoi nous vivons dans un gigantesque laboratoire dont nous sommes les cobayes
11:13 Les illusions totémistes de l'IA nous plongent dans un univers de non-sens avec des conséquences graves
17:24 Qu'est-ce que l'IA n'est pas ? Pourquoi l'analogie entre langage et mathématiques est un leurre
20:24 L'IA est indifférente au monde et amorale.
23:32 Comment l'IA nous dépossède en écrasant notre expérience du monde. L'exemple de la musique
32:13 Peut-il exister des agencements de l'IA émancipateurs ? (Mathieu Corteel pense que oui, nous plutôt que non)
38:26 Quoi qu'il en soit les usages aliénants de l'IA sont massivement majoritaires et les garde fous inexistants
41:12 Causalité et fausses corrélations : taux de suicide, consommation de margarine et police prédictive
45:00 Que serait un bon usage de l'IA ?
51:50 A-t-on déjà vu un nouveau dispositif technologique être limité dans ses usages ?
52:45 Les ordinateurs peuvent-ils faire l'amour entre eux ? Qu'elles illusions affectives nous vend l'IA ?
58:58 L'IA c'est des stats et des probabilités qui pénètrent techniquement nos représentations du monde et de nous-mêmes
1:00:42 La mutation du capitalisme vers le capitalisme cognitif. L'IA au service de la réaction. Pour une grande démission
1:08:02 Les limites matérielles et physiques de l'IA dans un monde fini. Pourquoi Bluesky ne rend pas nécessairement moins idiot que twitter
1:12:29 Et si la valorisation de chaque interstice de la vie n'était pas le stade suprême de l'économie ?
1:15:06 Comment sortir des paradoxes pragmatiques ? Peut-on réenchanter la démocratie avec présidents robots ?
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Cette semaine, nous vous proposons un lundisoir exceptionnel depuis le bar la Plaine à Marseille. On reçoit Alèssi Dell’Umbria afin qu’il nous raconte l’incroyable histoire du groupe Os Cangaceiros, mythique et mystérieuse association de malfaiteurs, théoriciens révolutionnaires autodidactes, émeutiers transnationaux et saboteurs au grand cœur. Ou comment une bande de jeunes, fans de rock et de football, et qui refuse d’aller à l’usine, se lance dans une vie de clandestinité, d’arnaques aux banques à l’échelle industrielle et de campagnes de sabotages en soutien au luttes en cours dans les prisons, les usines et les banlieues.
Si la revue publiée par le groupe a pu continuer de se diffuser dans quelques recoins de l’internet, pendant très longtemps, cette histoire est restée mal connue, probablement parce qu’Os Cangaceiros est parvenu à disparaître sans jamais que le ministère de l’Intérieur et la BRB, lancés à ses trousses, ne parviennent à le rattraper.
Passé le délai de prescription, Alèssi Dell’Umbria a décidé de s’y coller et de revenir sur cette époque de scandales, d’audace et de tumultes dans un livre passionnant « Du fric ou on vous tue ! » aux Éditions des mondes à faire. On lui a proposé de nous raconter tout ça, autour d’une anisette.
Alèssi Dell’Umbria est l’auteur, entres autres, de C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005, Histoire universelle de Marseille, De l’an mil à l’an deux mille, Tarentella ! Possession et dépossession dans l’ex-royaume de Naples, Antimatrix.
Les trois numéros de la revue Os Cangaceiros, le recueil L’incendie Millénariste et le dossier des Treize milles belles évoqués dans l’entretien sont tous consultables dans l'article paru sur lundimatin.
00:00 intro
1:27 Os Cangaceiros, une association de malfaiteurs, lettrés et politisés
3:58 Rock'n roll, bagarres, refus du travail et arnaques aux banques
5:40 La fondation du groupe
8:15 Le choix de la clandestinité et de l'action directe dans le reflux politique des années 80 et sous le mitrerrandisme
11:43 Penser et élaborer théoriquement depuis les luttes en cours et le refus diffus du travail
17:08 Échapper à la reproduction du capital, repenser le prolétariat
20:42 Politiser la délinquance (blousons noirs, banlieusards, vols de voitures et braquages)
27:40 1ère vague d'actions en soutien aux mutineries dans les prisons : « La liberté est le crime qui contient tous les crimes » (blocages et attaques de trains de luxes, incendies d'entreprises qui font travailler les prisonniers, destructions d'imprimeries de journaux qui calomnient la révolte)
32:56 Des actions exemplaires plutôt que symboliques. La théorie du scandale
34:42 : Soutien à George Courtois, Patrick Thiolet, Abdel Karim Khalki et la prise en otage du palais de justice de Nantes (Sabotages du métro parisien)
41:58 La dépendance à l'écho médiatique
43:17 Football, hooliganisme, violence de rue et politique (ce à quoi la gauche ne comprend rien)
50:30 La nécessité de voyager à travers le monde pour aller à la rencontre des soulèvements et tisser des amitiés comme des solidarit
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Avec Alexia Roux, Saad Chakali, Mehdi Benallal & Guillermo Kozlowski
Jean-Luc Godard ne sera jamais le nom propre d’un auteur consacré, mais le nom commun d’une pensée partagée, sésame ou schibboleth pour le cinéma qui vient et dont nous avons besoin : le partage au nom du commun et ce qu’il départage au nom de l’égalité. Quand il eût fini les Histoire(s) du cinéma, Godard disait qu’il n’avait aucun public, sinon des spectateurs, peut-être 100.000 dans le monde, ses amis : l’amitié pour ce qui se pense sous ce nom. Avec ce cinéaste, c’est comme avec les communistes selon le bon mot de José Bergamin, on ira jusqu’à la mort sans faire un pas de plus.
Le cinéma à le suivre, on peut se l’imaginer ainsi, à l’instar du tiers-état selon l’abbé Sieyès. Qu’est-il ? Rien. Que veut-il ? Tout. Que peut-il ? Quelque chose. Ce peu qu’il peut est sa dernière puissance, le miracle de donner ce que l’on n’a pas - les images, les idées. Liberté (le droit de citer contre le droit d’auteur et les citations à comparaître des procureurs). Égalité (contre toutes les hiérarchies). Phraternité (comme Marie José Mondzain nous a appris à l’écrire) pour les métaphores, ces transports en commun.
Si le cinéma a gagné (il est partout), il a perdu aussi (Auschwitz-Hiroshima) et il ne cesse pas d’être encore défait aujourd’hui (Gaza-IA). Le cinéma de Godard est le moins au centre car il est le plus au milieu, par où tout bifurque et tout recommence. Alors on recommencera par le milieu, moins nombril qu’ombilic : la crise et la critique qui est d’abord autocritique, la modernité contre elle-même, le legs des premiers romantiques et un retour sur la politique des auteurs, pas un autoritarisme mais une politique des marges. Une pensée par accords discordants, opérant par rapports à la fois destituants et constituants. Des montages d’images dialectiques qui sont toujours des démontages critiques. Une pensée remontée à démonter le terrain miné des clichés. Des faux-raccords pour faire fuser les correspondances. Des courts-circuits pour interrompre la bêtise des automatismes. Le sabotage poétique de toutes les chaînes d’asservissement, chaînes conjugales, chaînes d’usine, chaînes de télévision, toutes les chaînes d’esclaves.
Godard ? Le cinéma ne divertit pas, il divise. De deux choses, pas l’une pour montrer la troisième, l’invisible qu’il y a entre toi et moi - l’image qui revient de loin en donnant la main à celle d’après. Champ/contrechamp/hors-champ, une trinité. Godard juif, Godard arabe et ce sont les trois personnes. Sinon, on ne comprendra jamais que ce que l’on hait en l’autre, n’est autre que soi-même. Le cinéma est un art pacifique, il est fait pour rapprocher. Son cinéma ? À l’épreuve des conflictualités, au contraire de la guerre.
00:00 Jean-Luc Godard, un nom commun comme un mot de passe03:12 L'amitié contre la notion « fasciste » de public06:50 Un cinéma qui ne raconte pas d'histoire
10:57 Entrer dans le cinéma par sa porte de sortie
14:12 L'ami dont on se méfie
17:06 Il ne s'agit pas de savoir ce qu'est le cinéma mais ce qu'il peut et ce qu'il expérimente
21:43 « Si je me suis bien fait comprendre, c'est que je me suis mal exprimé »
26:28 Le visible et l'énergie sombre
31:44 La crise, Homère et le geste paysan (plus rien ne va de soi, tout devient compliqué)
36:04 Debord, le grand mensonge et le renfrognement
42:40 Critique de la critique de la séparation
46:54 L'émancipation, la question juive, la question arabe
51:49 Le caractère spectaculaire du film « La société du spectacle »
56:02 La vie s'éloigne dans une représentation...
58:39 La prisonnière du désert, les gestes qui s
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« L’université est en crise », c’est ce que l’on dit ou que l’on nous dit depuis maintenant des décennies. En plus d’être en ruines, elle est désormais ruinée et soumise à des mesures d’austérités aux effets toujours plus dévastateurs : réduction des budgets, fermeture de formations, hausse des frais d’inscription, gel des recrutements, abandon des rénovations, etc. Comme nous en discuterons dans ce lundisoir, tout cela était pourtant prévu et programmé avant d’être orchestré.
Mais l’université, en France, c’est aussi les étudiants, les mouvements, les occupations, les blocages et le débordement. Ce moment privilégié de l’existence où on a le temps de se rencontrer, de penser et de commencer à s’organiser. En tous cas historiquement. Depuis plusieurs semaines, un début de mouvement pointe son nez, des AG sont organisées partout, certains campus sont bloqués ou occupés, comme à Rennes 2. Pour discuter de tout cela, nous accueillons Bruno Andreotti, physicien, animateur du séminaire politiques des sciences et fin connaisseur de la néo-libéralisation de la recherche et de l’enseignement. Depuis le campus de Rennes 2, on suivra Fanny Le Nué et Fabien Tallec de l’Union Pirate, pour comprendre où en est la mobilisation.
Et si dans l’air vicié du moment, l’explosion de la cocotte-minute étudiante pouvait nous ramener un grand vent d’air frais ?
Lundi 17, l’AG de Rennes 2 vient de voter le blocage de l’université.
00:00 Introduction – L'état des universités
2:43 Depuis le campus de Rennes 2 avec l'Union Pirate : historique de la mobilisation en cours
8:53 Histoire de l'université ou comment elle est née d'une grève qui a duré 3 ans
11:30 Comment le pouvoir s'est transféré des universités aux grandes écoles et pourquoi l'idée d'université n'existe pas dans l'espace public
12:33 À l'origine des réformes de l'université : le modèle élitiste états-uniens et la volonté de revanche sur mai 1968 et sur la réforme Devaquet stoppée par la mort de Malik Oussekine et un mouvement étudiant de masse
16:41 Le rapport des économistes Aghion Cohen de 2004 qui a théorisé et programmé la destruction des universités
19:55 Comment l'idée d'autonomie a été détournée puis retournée en son contraire
22:48 La dualité du système français : d'un côté les vacataires en grande précarité, de l'autre les titulaires encore protégés
25:09 L'horizon des réformes : enrichir les enseignements privés et augmenter les frais d'inscription pour toujours plus de sélection sociale
30:09 Depuis le campus de Rennes : qu'est-ce que les plans d'austérité font aux universités ?
36:58 Pour éviter tout mouvement étudiant de masse, la stratégie « incrémentale » des gouvernements successifs (ou comment ne jamais inscrire publiquement les petites réformes dans leur plan général)
40:09 Qu'est-ce que l'HCÈRES (Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur) et pourquoi il est l'outil et la tactique de mise au pas des universités
50:43 Comment la mise sous pression des étudiants dès Parcoursup influe sur leur capacité de mobilisation
54:43 « La pression mise sur les ados est internalisée » - La précarisation subjective
57:26 Comment la précarisation et les angoisses sur l'avenir produit une génération sous cocotte-minute (la stratégie de la bouée normative)
1:06:19 Depuis le campus de Rennes 2 : comment vit-on la précarité matérielle et subjective ?
1:14:26 Qu'est-ce qui empêche la jeunesse de se soulever et pourquoi elle ne peut que finir par se révolter
1:20:58 Comment les attaques contre la
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« Vers un pays inconnu », c’est le titre du dernier film de Mahdi Fleifel, réalisateur palestinien, une fiction qui aurait dû être un documentaire, en salles depuis le 13 mars. Dans les rues d’Athènes, aux côtés de deux cousins palestiniens, le film nous projette dans toute la brutalité et l’humanité que charrie l’expérience de l’exil, par-delà le misérabilisme comme les bons sentiments. L’attente et la débrouille, l’errance et les arrangements avec sa propre conscience, pas de happy end, que des plans serrés, au ras du réel. Le chemin escarpé vers un avenir meilleur ; ce qu’il en coûte dans un monde mauvais.
On en discute avec Frank Barat, producteur exécutif du film, dans ce lundisoir qui se tient exceptionnellement un vendredi. Dépéchez-vous d’aller voir le film si vous souhaitez qu’il reste sur les écrans. Dure loi du marché et du cinéma.
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Le groupe Chuglu hante Marseille et le monde. Mais il est le contraire d’un spectre. Si vous voyez des gens déménager des meubles sans savoir où ils vont, des clémentines qu’il faut se mettre à dix pour n’en manger qu’une seule, des transhumances urbaines de centaines de ballons de foot rapiécés, des manifestations d’enfants autoritaires, des soupers de pierre servis en pleine rue et des cavernes sur le vieux port où l’on vend pour gratuit des vêtements trop chers, c’est probablement que vous avez été témoins d’une malice de Chuglu, que vous avez été frappé par le Chuglu, qu’il vous a joué une farce impossible et qu’il ne vous est plus possible de discerner le quotidien de la révolte.
Craignez du haut de votre Hilarité l’attaque soudaine de ces ex-« barbares nihilistes » de l’art, ce Groupe qui n’est pas un Collectif, ce Collectif piqué de réunionnite incessante, dont la seule forme d’unité est l’embrouille. Si vous vous dîtes, au détour d’une rue d’une de ces capitales, témoin d’un geste infinitésimal où se produit un tout petit écart, que c’en est trop, qu’il faut se révolter et qu’y en a marre d’être liés comme des rôtis, c’est probablement que vous avez été pris par une fièvre, cette fièvre, on l’appelle CHUGLU.
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Fabien Lemozy et Stéphane Le Lay, sociologues du travail, ont mené une vaste enquête sur les livreurs à vélo qui pédalent toute la journée dans le cœur des métropoles pour rassasier la petite bourgeoisie pressée. Ils y voient le déploiement d'un nouveau stade du capitalisme, sa plateformisation ; ou comment les plateformes numériques et les nouvelles technologies qui tiennent dans nos poches révolutionnent l'organisation même du travail, c'est-à-dire l'exploitation et la domination des corps.
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Peut-on être juristes et anarchistes ou faut-il partir du principe que le droit est toujours « bourgeois » ? Qu’il est quoi qu’il arrive la cristallisation et l’expression des rapports sociaux dominants ? C’est quoi d’ailleurs « le droit » ? Des lois, des normes, des décrets, des titres, des constitutions, des règlements, des contrats... Quand on y pense, c’est un peu tout et n’importe quoi mais c’est ce qui trame plus ou moins visiblement nos existences communes et personnelles, c’est ce qui fait tenir cette fiction bien réelle : « la société ». Les juristes anarchistes que nous recevons cette semaine font le pari de penser le droit par-delà et en-deçà de l’État, pour cela ils ouvrent simultanément deux questions d’apparence paradoxales : comment trouver dans le droit des ressources pour se défendre contre l’ordre des choses ? Comment préfigurer depuis le droit ce que pourrait être une organisation sociale anarchique, consentie, libre ? Leur premier livre qui vient de paraître s’intitule d’ailleurs Vers de nouvelles utopies concrètes.
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On connaît le célèbre adage : « il nous faut des lieux pour habiter le monde », une exigence qui se pose au carré lorsqu’on est exilé. Pour ce lundisoir, nous accueillons trois membres de l’un de ces futurs lieux : Darna, « notre foyer » en arabe. Depuis 5 ans, certains d’entre-eux animaient La Cantine Syrienne de Montreuil, un collectif impulsé par des exilés syriens déterminés à ne pas lâcher l’idée de révolution, ils ont décidé de passer à l’étape supérieur, d’étendre et de pérenniser leurs activités : cuisine et révolutions.
Si nous les avons invités, c’est que le projet est en route, que les travaux ont commencé et qu’ils ont cruellement besoin de financements (voir le lien vers la cagnotte ci-dessous) mais pas que. Leur projet n’est pas seulement sympathique, il vient aussi concentrer et condenser de nombreuses questions et hypothèses qui traversent toutes menées révolutionnaires sérieuses : Comment fonder et déployer des foyers lorsqu’on a été dépouillés de tout rapport au territoire ? Pourquoi l’internationalisme relève-t-il de l’évidence dès que l’on appréhende les soulèvements contre le pouvoir depuis leurs réalités propres et tangibles ? Comment se traduire et se raconter, victoires comme défaites, par-delà les frontières et les circonstances locales ? Comment articuler le temps de la révolte et celui de la construction d’une force ? Comment se retrouver ou s’accueillir quand tout pousse à la dispersion ? Comment se rencontrer et bien manger ?
C’est de cela et de tout le reste dont il fallait parler avec ces camarades syriens, soudanais et même français.
La cagnotte pour les soutenir, est par là.
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Depuis plus de 40 ans, Robert Guédiguian et ses personnages traversent le cinéma français. Des films comme autant de fables qui nous racontent l’époque depuis les bords de l’intime et de la méditerranée. À l’occasion de la sortie de son dernier film La pie voleuse, il a accepté de venir discuter avec nous du monde tel qu’il va (mal) et de ce que la vie ordinaire recèle d’irréductible, de beau et de sensiblement communiste. On a donc parlé de Marseille, de philosophie, de son film et de certaines scènes. Attention, ça spoile mais ça déborde.
00:00 Intro01:29 En quoi « La pie voleuse » est une fable politique ?
04:14 Le vol, la nécessité et le petit supplément
07:02 La richesse sous les yeux, la frustration dans les cœurs
09:40 Voler pour vivre et non survivre
12:17 La place du piano dans les films de Robert Guédiguian
16:40 Le vol comme moment communiste ou comme pessimisme révolutionnaire ?
18:39 Par-delà ou en-deçà du vol, la solidarité ou la communauté
21:34 Les plans oreillers
24:53 Tchekhov, Rancière et le communisme de l'infime
27:42 De la lutte des classes au partage du sensible
29:29 Pourquoi la bourgeoise est-elle indécrottablement séparatiste
34:42 Peut-on filmer la réconciliation amoureuse des classes ?
39:16 L’ambiguïté de la scène du baiser
49:10 Enchaîner les images et les souvenirs sans devenir fou
52:02 Les moments communistes
57:10 Que peut le cinéma en 2025 ?
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Au sein de la gauche, parlementaire comme extra-parlementaire, nous voyons régulièrement réapparaître des revendications constitutionnelles ; la promesse d’une 6e République, l’organisation d’une assemblée constituante, des petits ateliers pour rédiger notre constitution idéale, etc. Il s’agit à chaque fois de perpétuer cette drôle d’idée : la constitution ce serait un peu de nous, nous serions même un peu constitués et si elle était mieux rédigée nous ne manquerions pas d’être plus libres, plus égaux, plus heureux. C’est cette croyance que Lauréline Fontaine, professeur de droit public et constitutionnel vient dynamiter dans son excellent La constitution au XXIe siècle, histoire d’un fétiche social (éditions Amsterdam). Car lorsque l’on étudie l’histoire des constitutions, en France comme ailleurs, ce sont toutes nos illusions qui s’évaporent. Cette pratique bien particulière qui consiste à « écrire le pouvoir » s’avère systématiquement être un leurre qui vise à nous faire adhérer au pouvoir tout en nous dépossédant de toute prise sur lui. C’est en tous cas l’implacable démonstration faite par Lauréline Fontaine dans cet entretien. Ces illusions perdues, s’ouvrent alors l’une des questions les plus importantes de notre époque : comment sortir du cercle constituant/constitué, soit comment penser une puissance destituante ?
00:00 introduction
00:11 La constitution, un objet mystérieux mais omniprésent qui nous protègerait du despotisme (présentation du livre)
2:23 Quel rapport la constitution entretient-elle avec la société ? Qu'est-ce que le constitutionnalisme ?
05:16 Qu'y a-t-il dans une constitution ?
06:46 Créer l'illusion du peuple constituant qui adhère au pacte social
08:59 Est-ce que ce n'est pas grâce à la constitution que nous gagnions des droits ou abolissons certaines oppressions, par exemple l'esclavage ? (spoiler, non)
16:07 Quel rapport entretiennent les constitutions avec l'ordre économique et libéral ? Ou comment se reconduit la séparation entre politique (organisation formelle du pouvoir) et économie (mise au pas effective des sujets économiques)
23:40 Le constitutionnalisme se diffuse par le biais des grandes puissances économiques
24:50 La propriété privée comme pierre angulaire de toutes les constitutions
30:07 « On finit par donner le nom de démocratie à un régime qui était au départ conçu comme l'opposé de la démocrate »
34:18 Pourquoi la meilleure des démocraties représentatives ne sera jamais démocratique
37:05 Le Droit n'existe que comme outil de domination (même si ponctuellement, on peut bien connaître d'heureuses victoires)
38:00 Les exemples de constitutions vertueuses, leurs réussites et leurs échecs
40:15 Pourquoi le pouvoir a-t-il toujours besoin d'oripeaux, de déguisements, de maquillage ? Et à quoi ça lui sert ?
45:12 Ne plus s'étonner que la constitution soit systématiquement trahie par les pouvoirs institués
47:31 Le droit ne fait-il pas quand même office de contre-pouvoir ?
55:25 #LibérerGino (intermède publicitaire pour un camarade antifasciste incarcéré)
58:32 « Les libertés qui nous sont accordées qu'à la condition qu'elles ne nuisent pas au bon déploiement des rapports économiques à l'origine de toutes les formes de misères sociales »
59:59 Le constitutionnalisme par rapport au droit international. Comment le consitutionnalisme déborde l'État-nation
1:02:52 La néféodalisation des institutions et de l'économie.
1:04:27 La Science Fiction est-elle la trame des constitutions techno-fascistes et algorithmiques à venir ?
1:09:22 Comment le néo-libéralisme mène à
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Comme il y aura toujours besoin de s’organiser et de penser pour faire la guerre à la guerre, il est nécessaire de rappeler et transmettre les résistances populaires. Il s’agit de faire le travail dialectique pour actualiser les analyses de l’ADN abominable du capitalisme : la guerre. C’est ce que propose Nils Andersson, militant anticolonialiste et communiste à travers deux livres : Les guerres annoncées et Le capitalisme c’est la guerre. Il s’agit de faire l’histoire du temps présent, celle du capitalisme et de la réalité morbide des impérialismes, marchands de guerres et de génocides. Et de rappeler la responsabilité de l’occident dans les guerres annoncées du XXIe siècle.
00:00 Introduction
00:11 Présentation
02:44 L'édition comme pratique politique. La publication depuis la Suisse des livres censurés en France pendant la guerre d'Algérie
06:06 Actualiser et vulgariser le matérialisme historique : genèse de « Le capitalisme c'est la guerre ». Faire le bilan historico-politique de la chute de l'URSS
08:20 Du mythe de la fin de l'Histoire. Comment la guerre n'a jamais cessé.
9:40 On redécouvre la guerre avec l'invasion impérialiste russe en Ukraine
12:44 1945 : le plan Marshall pour rétablir les bourgeoisies corrompus avec les régimes nazis et fascistes
14:12 La confrontation inégale du capitalisme occidental contre le « camps socialiste »
15:22 Chute de l'URSS, hégémonie américaine puis arrive la période des échecs (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie)
17:04 C'est grâce à la mondialisation capitaliste que la Chine a surgi comme super puissance en renversant le rapport de force
20:18 Les guerres annoncées. Comment la Russie a créé la surprise en relançant ouvertement les guerres inter-étatiques
21:44 Écrire l'histoire du capitalisme du réel
24:35 L'élargissement de l'OTAN dans les années 90
29:50 La non intégration de la Russie capitaliste à l'Europe capitaliste
33:54 Déceler les nouvelles contradictions au sein du capitalisme mondial
35:40 L'isolement de l'occident sur lui-même
36:46 Le deux poids deux mesures dans l'accueil des réfugiés ukrainiens et le rejet à la mer des africains
39:42 Comment la question palestinienne vient opérer une coupure mondiale
42:36 Comprendre la situation géopolitiquement en dehors du discours hégémonique occidental. La question du terrorisme
49:20 « La guerre c'est l'abomination »
51:20 Succès militaires et échecs politiques : l'OTAN à l'horizon 2030, la défection américaine et l'isolement européen
53:00 La Chine est devenue la nouvelle priorité des Etats-Unis
54:30 La menace d'une guerre avec la Russie
55:40 La tricontinentale et son influence sur la configuration mondiale actuelle
56:40 La contradiction global nord, global sud
1:00:34 La contradiction inter-impérialiste depuis le début des années 2000
1:03:25 Ce que le retour de Trump et du libertarianisme va radicaliser
1:07:42 Les Etats-Unis restent la plus grande puissance mais la tendance irréversible c'est l'accroissement de puissance du global sud et le risque de guerre pour maintenir l'hégémonie
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Cette semaine, le cinéaste Nicolas Klotz et Saad Chakali reçoivent le philosophe Frédéric Neyrat. C’est lundi bon sang de bonsoir cinéma, épisode 2.
De nombreuses questions se posent : quel rapport y a-t-il entre le cinéma, le soulèvement et la philosophie ? Est-ce que l’IA ne dominait pas déjà nos consciences avant d’être inventée ? Est-ce que la tâche révolutionnaire qui incombe au cinéma ne serait pas de désynchroniser les esprits et percer à travers le désert techno-capitaliste pour se réarrimer au réel ? Enfin des trucs de ce genre. Pour les impatients ou celles et ceux qui détestent la linéarité, nous avons ajouter un chapitrage dans la description youtube qui vous permettra de vous orienter et d’optimiser votre expérience.
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On sait que les cartes sont le support privilégié des pouvoirs ; on commence toujours pas cartographier ce que l’on s’apprête à dominer. Depuis de nombreuses années, l’historienne Nepthys Zwer prend cette question à revers et propose une contre-cartographie comme outil de lutte. Il s’agit de rendre visibles les structures et structurations du pouvoir. Dans Pour un spatio-féminisme, De l’espace à la carte (La Découverte), elle explore à travers de nombreuses cartes la manière dont les corps se partagent l’espace au quotidien, dans l’intime et le domestique, dans l’espace public ou à l’école. Il s’agit de rendre sensibles et visibles nos représentations mentales, imaginaires et culturelles ainsi que toutes les assignations qui en découlent.
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Depuis la France, nous pensons souvent l’affrontement des puissances impériales à partir des acteurs qui nous sont le plus proches : Etats-Unis, Russie et Europe. Comme si nous étions restés bloqués aux lectures géopolitiques héritées de la guerre froide. Nous avons bien quelques informations quant aux tensions avec la Chine, autour de Taïwan notamment, mais force est de constater que nos représentations de l’« empire du milieu » restent très vagues, comme s’il s’agissait d’un territoire immense et opaque en dehors de l’équation mondiale. Or c’est tout l’intérêt du livre de Benjamin Bürbaumer Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation (Éditions La Découverte) : proposer une analyse approfondie et synthétique des relations sino-américaines qui nous permette de prendre du recul face à la reconfiguration du jeu entre les puissances mondiales. Cet ouvrage témoigne de la fécondité d’une approche marxiste de l’économie politique mondiale, inscrivant le face-à-face entre les deux puissances dans une fresque historique saisissante. Tout en ne négligeant pas le rôle central des luttes de classes internes aux espaces nationaux, Bürbaumer éclaire les dynamiques contemporaines du conflit mondial par une analyse des infrastructures stratégiques et des politiques monétaires internationales, offrant une synthèse salutaire de ces éléments trop souvent dissociés.
Ce Lundisoir, nous plongerons donc dans l’histoire de la mondialisation, perçue comme une « solution spatiale » aux crises économiques et sociales américaines des années 1970, tout en examinant comment la Chine a su tirer profit de cette ouverture pour libéraliser son économie et s’imposer au cœur de l’échiquier mondial. Nous explorerons comment les technologies de pointe sont devenues des enjeux cruciaux, tant sur le plan militaire que commercial, ainsi que l’ambition du renminbi de s’émanciper de la domination du dollar. Nous analyserons aussi le rôle des classes populaires, qui, tout en résistant à cet ordre mondial, se trouvent écrasées par cette course à l’hégémonie. Enfin, nous mettrons en lumière la contradiction fondamentale de la mondialisation entre ces deux titans, où la domination américaine est contestée pour la première fois depuis la fin de la guerre froide par une puissance émergente redéfinissant les règles du jeu mondial.
Accrochez vos ceintures : plongeons dans les méandres du capitalisme mondial.
00:00 Intro
00:11 Présentation de Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation
01:35 Pourquoi les États-Unis ont ils « fabriqué » la mondialisation ?
8:44 Le rôle des traités de libre-échange à partir des années 1990. Comment s'est imposée l'idée selon laquelle la prospérité intérieure dépendait de la politique étrangère, au point qu’aujourd’hui « les profits étrangers dans leur totalité représentent en moyenne 67 % des profits nationaux » ?
09:44 Préciser le rapport entre État et Capital
15:45 Pourquoi l'histoire de la mondialisation doit aussi être comprise depuis l’intérieur de l’histoire économique et politique chinoise. Comment s'est déroulée la libéralisation du Parti Communiste chinois ?
20:26 Pourquoi le concept de « chaîne globale de valeur » est-il central pour comprendre l'évolution du capitalisme mondial ?
25:37 Division du travail et explosion géographique de la production : les paradoxes apparents de la chaîne globale de valeur s'expliquent par le développement technologique au service de l'exploitation
27:52 La bataille économico-juridique entre la Chine et les États-Unis
29:11 La réponse de la Chine à la crise économique de 2008 et au Covid
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Depuis le 10 décembre, ils sont environs 300 « mineurs non accompagnés » à occuper la Gaîté Lyrique, célèbre salle de spectacle parisienne. Après avoir rejoint la France seuls, souvent au péril de leur vie, ils se sont retrouvés confrontés à toute l'inhumanité des politiques migratoires françaises et au déni de l'accès aux droits les plus élémentaires. Sur le papier, tout mineur présent sur le sol français doit pouvoir bénéficier d'une prise en charge minimale : l'accès à l'école, à des soins, à un toit. Ils sont pourtant des milliers d'enfants sur le territoire à se retrouver à la rue, sans ressource et sans possibilité de se soigner, ils ont donc décidé de lutter. Leur point commun à tous, c'est d'avoir été jeté dans les limbes de l'État de droit. Les services de l'Aide Sociale à l'Enfance se disant incapables d'établir l'authenticité de leurs papiers, même lorsque des cartes d'identité biométriques leur sont présentés, ils sont renvoyés vers un juge afin que celui-ci valide leur qualité d'enfant. Sauf que pour cela, ils doivent patienter des mois, parfois même une année. En attendant, ils doivent survivre dans la rue et dans le froid, n'ont pas le droit d'aller à l'école et ne peuvent pas voir le moindre docteur s'ils tombent malades. Pour ce lundisoir, nous avons invité une douzaine de ces jeunes militants organisés et déterminés qui ont fait de la Gaîté lyrique un point de ralliement depuis lequel trouver des alliés et des soutiens et agréger leurs propres forces pour arracher ce qui leur est dû. Leur assemblée générale se tient chaque jour à 18h, tous les soutiens sont les bienvenus. Leur cagnotte en ligne est ici :
https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/1
00:00 intro
1:33 Pourquoi occuper la Gaîté lyrique ?
3:41 Comment s'organise l'occupation
5:50 Face à l'inaction des pouvoirs publics, l'auto-organisation
7:15 Comment s'organise le quotidien
9:29 La genèse du collectif et de la lutte
21:17 « On est là parce que la France a pillé chez nous »
22:41 Comment fonctionne la « reconnaissance de minorité »
25:18 « La place d'un enfant, c'est à l'école »
28:32 Les procédures kafkaïennes d'évaluation de la minorité
35:50 Les refus de minorité comme stratégies de découragement de l'État français
38:08 La propagande d'extrême droite comme premier soutien des politiques migratoires inhumaines de la France
41:02 Grâce à la lutte, une centaine de jeunes ont pu être scolarisés
45:47 « Quand on lutte, on obtient des victoires »
48:04 Venir en aide aux autres isolés
51:53 « On ne va pas changer d'acter de naissance pour faire plaisir à l'ASE »
54:58 Vous attendiez vous à ce que la politique française soit aussi raciste ?
58:39 L'organisation des manifestations
1:05:27 Exemple de violences policières
1:08:07 La menace policière sur l'occupation et le soutien de la direction de la Gaîté lyrique
1:09:08 La menace fasciste
1:10:51 « Si les gouvernants français savaient que leurs enfants étaient à la rue, ils réagiraient comment ? »
1:15:06 Remerciements au soutiens et appels aux volontaires
1:16:03 « Si tu manges, tu es en forme pour lutter »
1:16:26 Appels à tous ceux qui ont des sentiments humains à venir lutter à leurs côtés
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Le dernier livre de Bernard Aspe La division du politique, sonne un peu comme un bilan d’étape. Où en sommes-nous ? Outre les différents types de domination et d’exploitation que l’on connaît, plus mortifères que jamais, nous sommes entrain de perdre le monde. Et à vrai dire, non pas seulement ce monde-ci – qu’après tout nous détestons assez pour ne pas pleurer sa disparation annoncée –, mais la condition même de la pluralité des mondes, aussi bien ceux du pouvoir que ceux dont on pouvait encore rêver, il y a peu. Les conditions de possibilité de la révolution s’amenuisent cruellement, non pas seulement parce que les luttes sont faibles, mais aussi parce que le support des mondes est écologiquement menacé.
Qui est ce « nous », qui demande où nous en sommes ? C’est là qu’est l’os, le véritable problème politique ; l’articulation d’un « nous » révolutionnaire qui saurait à la fois maintenir les singularités et les unir pour recouvrer enfin, de nouveau, une véritable puissance de frappe. Ce « nous » n’a pas d’autre choix que d’être révolutionnaire – comme le disait le camarade Tronti, « comprend vraiment celui qui hait vraiment ». Mais le parti de la révolution est terriblement divisée. C’est à la fois légitime et regrettable, et il faut en finir avec la crainte de l’unité, le culte du multiple. En somme, il faut cesser de confondre le rival et l’ennemi. Du moins est-ce là une proposition, ouverte mais déterminée.
Cette proposition, lancée à la cantonade révolutionnaire, consiste à trouver une condition commune aux différentes subjectivités en rupture, et à définir face à la réalité « le point d’attaque le plus commun qui puisse être trouvé ». Pour cela, il faut trois choses : une analyse des subjectivités d’abord, de leurs divisions aussi bien individuelles que collectives. Ensuite, un diagnostic sur une domination dont il faut prouver qu’elle est bel et bien globale. Enfin, déterminer la forme de l’unité qui pourrait se configurer pour briser cette dernière globalité destructrice. Et ce sans pour autant en revenir à un léninisme poussiéreux, boomer, refusant l’irréductibilité au moins partielles des oppressions. Ce trait d’un, Bernard Aspe propose de le situer dans le refus, non pas du travail, mais de la mise au travail qui capte chaque existence, humaine comme non-humaine, pour l’accaparer et et la broyer dans la grande machine économique. Il s’agit, depuis cette unité minimale, de dégager un espace et une puissance proprement révolutionnaire.
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C’est parti pour le 1er épisode de lundi bon sang de bonsoir cinéma avec Nicolas Klotz, Saad Chakali et Ghassan Salhab. On y discute, en profondeur, du cinéma d’aujourd’hui, d’hier et de demain ; d’amitié, de guerre et de Joy Division. Le chapitrage ci-dessous offre quelques repères et une orientation. L’épisode 0, Que peut le cinéma au XXIe siècle avec Marie José Mondzain est toujours accessible ici, de Nicolas Klotz on se réfèrera au cheval du Turin… ( le cinéma est une ère géologique, pas une industrie ) quant à l’oeuvre de Ghassan Salhab, on lira volontiers Ghassan Salhab en revenant, métis inauthentiqu de Saad Chakali.
00:00 Intro
00:14 Commencer, toujours, par l’amitié quand les ennemis ne finissent plus de s’accumuler
2:40 Ce qui sépare fait le rapport même de l’amitié
5:09 « Quand l’argent domine un tournage, on ne respire plus »
9:36 Beyrouth fantôme : le retour de l’ami qui a trahi la Palestine
12:07 L’engagement, l’amitié, la guerre et l’oubli
14:14 Les trahisons comme ravages
17:03 Peut-on filmer Benjamin Netanyahu ou Bachar al-Assad ?
19:58 Gaza, les images et l’ennemi invisible
27:05 Le cinéma d’aujourd’hui est-il resté bloqué au XIXe siècle ?
28:15 Mosab Abu Toha : Ce que vous trouverez caché dans mon oreille
30:45 Le nouveau monde et la condition atomique
33:38 Ce que l’on ne veut plus faire, ce qu’il ne faut plus faire
35:57 Filmer à travers la guerre
39:00 Le bourreau est la fiction, la victime du côté du documentaire
42:02 La surproduction des images, comment s’en sortir ?
46:16 La 6e extinction et les couches du vivant
47:28 Fernand Deligny : la connivence profonde entre les images et les animaux sauvages
48:56 Mohammed Darwish : l’ami qui empêche de faire les comptes
Gaza comme hors champs, le cinéma est toujours du côté de la vie
51:35 Les années 50 et 60 ou l’apparition d’un cinéma politique depuis « les gens »
53:56 Comment recommencer le cinéma ?
58:50 Retrouver la lumière par-delà l’essoreuse des images qui colonisent
1:01:45 « Notre musique c’est celle de tout le monde », Jean-Luc Godard et Michael Witt
1:04:10 Repenser et réinventer la production et la distribution
1:06:44 Joy Division et Ian Curtis, l’ami commun
1:12:33 La solidarité entre les squats de Manchester et de Paris
1:15:04 Joy Division ou le cri étouffé
1:20:42 L’ami qui prend soin et prend la douleur
1:24:28 Peut-on se retirer sans trahir ?
1:28:17 Filmer depuis l’intérieur même de la destruction, désorienter, resituer
1:30:02 « Tant qu’on pense que le cinéma est une industrie, on est foutus »
1:36:19 Le geste cinématographique, la domination par le cinéma
1:40:26 Le cinéma et l’enchevêtrement du temps
1:45:30 Faire un pas de côté pour pouvoir dire le monde
1:55:33 Fuir les malentendus, partir de l’industrie
2:02:18 La voix sur l’épaule, Laurence Chable et François Tanguy
2:12:29 Que peut le cinéma aujourd’hui ?
2:13:23 « A moins qu’il ne faille penser que pour rendre la peine encore plus atroce et plus subtile, l’enfer a été placé en plein cœur du paradis » (Agamben)
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L’édition de cette semaine se trouve chamboulée par la chute du régime syrien. Nous avons improvisé, dimanche soir, cette discussion avec deux amis révolutionnaires en (ex-)exil et préparons plusieurs articles sur cet évènement majeur. On publie le live tel quel, le son est un peu ric-rac par moment, si c’est trop pénible à suivre, on le refera au propre dans la journée. Ce qui s’y dit nous semble néanmoins crucial pour comprendre cette séquence historique et s’y repérer, sans bafouiller.
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Il y a cinquante ans, la population de l’archipel des Comores était invitée à se prononcer sur le statut de son territoire. Si trois des quatre îles votèrent massivement pour l’indépendance, Mayotte (Maore), où un courant sécessionniste animé par l’élite créole exerçait un puissant lobbying, vota contre, tandis qu’à Paris l’armée et le « parti colonial » encore très puissant ne voulaient pas perdre cette position stratégique dans l’océan Indien. La France accorda donc l’indépendance aux Comores mais conserva Mayotte, devenue en 2011 le 101e département français à l’issue d’un processus unique de « colonisation consentie ».
Tout renvoie à la colonie sur cette île : les ghettos de Blancs, la hiérarchisation raciale au travail comme dans la vie quotidienne, la dépendance économique envers la « métropole », les défaillances des infrastructures mises en lumière par les récentes pénuries d’eau… Entre des Mahorais reniant leur passé pour être « français à tout prix », dont la dérive vers l’extrême droite semble sans fin, des « métros » qui se comportent en terrain conquis et cultivent l’entre-soi, et des Comoriens devenus « étrangers » par l’effet d’une politique d’État délibérée, la violence à Mayotte est le résultat d’un double processus de dislocation et de colonisation. Ce livre raconte les principaux épisodes de cette histoire et dresse un portrait sans concession de « Mayotte française » et du présent colonial qui continue de l’animer.
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Dans ce lundisoir nous poursuivons notre enquête sur le fascisme qui vient avec le philosophe Michel Feher. Son dernier livre Producteurs et Parasites, conceptualise l’imaginaire du RN comme « producerisme », soit l’idée selon laquelle les improductifs sont des parasites et qu’ils doivent être épurés du corps social, nous reviendrons avec lui sur la manière dont la fascisation consiste à passer d’un parasitisme productiviste général (de droite) à un parasitisme racialisé (d’extrême-droite).
Nous abordons aussi cette fascisation actuelle à travers le concept d’« impérialisme continental » (Hannah Arendt). Il ne s’agit ni d’un « impérialisme colonial » ni d’un « totalitarisme » : d’un côté, ce fascisme-là ne prétend pas (encore) partir à la conquête de terres exotiques ; de l’autre, ce fascisme-là ne prétend pas à la production idéale d’un « homme nouveau ». Ce fascisme-là, selon Feher, est un fascisme d’épuration, ethno-différentialiste fondé sur le retour nostalgique à une terre que l’on nous a promise et que l’on a perdue. Dans le fascisme russe, inspiré par Ilyne ou Douguine, l’impérialisme se limite aux frontières de l’ancienne formation impériale russe et soviétique : ferveur nostalgique épuratrice. Dans le fascisme israélien, la colonisation ne se fait pas sur une population indigène exotique mais dans le mythe biblique et à travers lui. L’idéologie néofasciste de l’hindutva indienne, fétichisant le Grand Bharat (l’Inde pré-coloniale), se donne lui aussi dans des limites où la Grandeur est concomitante d’une Nostalgie et d’une rétribution. Le mouvement MAGA qui accompagne le trumpisme est très exactement l’articulation de cette Greatness, la réactivation du mythe fondateur étasunien, et de la Rédemption messianique vengeresse – qui se dit dans l’épuration et la déportation de tous les parasites improductifs qui, depuis trop longtemps, auraient humilié sa puissance. De même en est-il discrètement encore pour la Chine qui fait valoir son droit historique constitutionnel à l’absorption de Hong Kong et de Taïwan dans le Zhōngguó mèng (« rêve chinois »).
Mais l’intervention, en même temps que ces aspects fascistes régénérateurs et rédempteurs, d’une nouvelle forme de capital, celui de la financiarisation, qui transforme tout individu non plus en simple salarié pour un patron, mais en auto-entrepreneur de soi-même, se donnant du crédit afin de recevoir investissement, ce capital financiarisé qui fait de chacun un « Investi », couplé à l’avènement encore inachevé du capital cybernétique de l’IA, des plateformes et du Cloud, ce capital technologique d’interfaces digitales, impliquant de nouvelles logistiques matérielles dans l’organisation des flux de circulation du capital, des choses et des données, l’arrivée, enfin, de ces « paléo-libertariens brutalistes » au pouvoir (Musk, Milei), ceux-là qui annoncent, selon Varoufakis, le basculement du capitalisme dans le « techno-féodalisme », la fin du profit en faveur de la rente, et, peut-être, le basculement du règne de l’Économie dans celui de l’Éthonomie, tout cela, toute cette nouvelle « modernisation » ne risque-t-elle pas, elle, de faire passer, peu à peu, l’actuel fascisme encore nostalgique et strictement continental dans un fascisme à visées hégémonique planétaire, accompagné de l’avènement de sociétés nouvelles et d’hommes nouveaux ?
C’est à partir de ces questions, de celle des fascismes présents et de ceux à venir, que la discussion stratégique « à gauche » devrait être reprise et repensée considérablement. Pour Michel Feher, il faut une drôle de « gauche d’occasion », capable de comprendre que
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Pour nous qui avons vécu la majeure partie de nos existences en temps de « paix », la guerre est une réalité qu’il suffit de regretter, dénoncer ou conjurer. Pourtant, elle est bien là, toujours, y compris derrière chaque dispositif de pacification dont l’existence même doit nous rappeler le retournement de l’aphorisme de Clausewitz par Foucault : « la politique est une continuation de la guerre, par d’autres moyens » (notons que l’invité de ce lundisoir n’est pas du tout convaincu par ce détournement/retournement). Clausewitz donc, c’est ce stratège, officier aristocrate Prussien né à la fin du XVIIIe siècle dont le célèbre De la guerre a servi de livre de chevet à des généraux impériaux autant qu’aux communistes soviétiques (Lénine) ou à l’avant-garde artistique mégalomane et paranoïque (Debord). T. Drebent que nous recevons dans ce lundisoir est tombé dans cette pensée de la stratégie militaire un peu par hasard. Comme il le raconte, les livres de Clausewitz lui sont d’abord tombés des mains jusqu’à ce qu’il y trouve une source presque intarissable de déchiffrement du passé comme du présent, lorsque les actes se doivent de venir continuer la pensée. Il en a fait un livre Clausewitz et la guerre populaire. C’est de tout cela dont on parle avec lui ici.
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En juillet dernier, en réaction à la menace d’une prise de pouvoir par le RN, de nombreuses organisations ont annoncé le début d’une campagne intitulée Désarmer l’empire Bolloré. Il s’agissait de trouver des leviers contre la fascisation en cours qui ne se limitent pas à l’isoloir. C’est dans ce contexte que plus de 80 libraires indépendants viennent de signer une tribune la semaine dernière : « Ne laissons pas Bolloré et ses idées prendre le pouvoir sur nos librairies ! ». Il s’agit pour eux de ne pas se rendre complices du « combat civilisationnel » mené par le magnat en faisant disparaître, autant que faire se peut, les livres du groupe Hachette de leurs étales.
Outre la prise de position politique que représente cette tribune, elle a aussi le mérite d’ouvrir des questions et des contradictions particulièrement épineuses pour les libraires, signataires ou non. Dans un secteur aussi concentré où cinq gros groupes détiennent l’immense majorité des titres publiés ainsi que toute la logistique de production et de mise en circulation qui va avec, est-ce si facile de tenir une promesse de « boycott » sans se tirer soi-même une balle dans l’étale ? Si Bolloré concentre toutes les attentions de par son empire tentaculaire mis au service de l’extrême droite et de la fascisation des esprits, n’oublie-t-on pas un peu vite les dégâts que produisent aussi ses concurrents ? Et que faire de ces livres (et éditeurs) chers, pris dans les griffes de cette industrie culturelle ? Parce qu’il n’existe aucune réponse simple à toutes ces questions, nous avons invité cinq libraires indépendants pour en discuter, Nicolas de Libertalia, Anaïs du Rideau Rouge, Natacha de L’Atelier, Alexis de Petite Egypte et Martin de Michèle Firk. . Certains ont signé la tribune, d’autres non, mais tous nous éclairent sur leurs techniques et stratégies pour résister et faire que le livre ne puisse être réduit à une simple marchandise.
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La contre-anthropologie, ça peut être en un sens assez commun la manière dont les indigènes se représentent et critiquent la culture du colon. Pourquoi n’est-ce pas tout bonnement de l’anthropologie ? Parce qu’il ne faut pas trop croire ce que racontent les scientistes blancs déguisés pour quelques semaines en aventuriers. Les pratiques contre-anthropologiques sont des sortes de théâtres où rugit un rire de résistance contre l’esprit de sérieux occidental, dont on se paie allègrement la tête. Il en existe bien des exemples : Jean-Christophe Goddard en a narrés quelques-uns dans son livre, qu’il est venu nous raconter. Les pratiques contre-anthropologiques existent aussi sous forme de discours ; c’est là toute une tradition critique indigène, puissante, protéiforme. Au fond ce qui est critiqué, haï, c’est la destruction systématique des autres mondes. Qui n’ont rien d’idéologiques, sauf à accepter que l’idéologie tue aussi, et que donc les vieux dualismes sont périmés. Ainsi, à propos des suicides indigènes massifs en Guyane : « Derrière chaque suicide, c’est un même cosmocide. » Ce qui est critiqué c’est l’ethnocide colonialiste généralisé, l’extractivisme débridé, le patriarcat occidental exporté – mais aussi tout un tas d’autres institutions, à commencer par l’école ; en ce que tout cela annihile des formes d’autochtonie qui savent, elles, que l’être n’est pas un minerai. Elles le savent encore aujourd’hui, parce que ce serait donner trop de crédit au capitalisme mondial que de le croire absolu : « le choc de la colonisation n’a […] pas réussi à être fatal ». Ce qui est démystifié, moqué, c’est aussi la philosophie blanche. N’est-elle pas pourtant bien inoffensive ? Non : « la métaphysique cartésienne de la "ruine des fondements" est la métaphysique de l’extirpation coloniale. » Le projet colonial euro-occidental, qui n’est autre que le projet de son existence propre, est porté par un vide métaphysique, une métaphysique dangereuse du commencement absolu. Être chez soi dans l’autre, disait le vieux fonctionnaire qui prêchait le retard éternel de l’Afrique – voilà un mot d’ordre sacrément impérial. Contre ça, d’autres ont su se lier autrement aux autres. Les Blancs, eux, ne savent pas : ce sont d’autres gens que les autres. Mais alors pourquoi un énième livre ? Parce qu’« il restera difficile à qui a été élevé dans les livres imprimés, c’est-à-dire dressé par eux, d’en être libéré sans l’être par un livre. » 00:00 : Introduction 1 - Qu’est-ce que la contre-anthropologie ? 3:21 : Contre-anthropologie ou contres-anthropologies ? Des anthropologies plurielles 9:37 : Qu’est-ce qu’un dispositif contre-anthropologique ? Le culte du cargo et le culte N’gaul 14:03 : Qu’est-ce qu’une ontologie ? Ontologie animiste et ontologie naturaliste 15:18 : Les effets politiques de l’ontologie : racisme et ontologie animiste 17:27 : Retour sur le culte N’gaul : « une anthropologie africaine de la blanchité » 24:35 : A propos du culte du cargo. Critique de l’interprétation de J.Rouch. Comment faire de l’anthropologie quand c’est une contre-anthropologie (du monde blanc) ? 2 - « Eclater de rire face aux blancs » : peut-on être à la fois ridicule et dangereux ? 30:28 : Pilima-Macron : comique de l’émancipation et tradition carnavalesque 36:25 : La métaphysique occidentale est-elle risible ou dangereuse ? 39:00 : L’ontologie est meurtre 3 - Pour une critique politique de l’ontologie naturaliste 46:38 : Le nihilisme du monde blanc : une métaphysique du vide ? 48:49 : si l’ontologie détruit, qu’est-ce qui justifie de continuer à parler d’ontologie pour la métaphysique indigène ? 50:43 : La bêtise de la domination 4- Sur la possibilité des alliances - perspect
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Trump incarne-t-il un élan fasciste de masse ou, paradoxalement, le triomphe d’un individualisme libertarien ?A-t-on affaire, avec lui, à un suprématisme ou bien plutôt un infantilisme politique au service d’une refondation mythique des USA ? L’antagonisme entre fasciste et “wokiste“ est-il le nœud qui divise l’Amérique ou bien la fiction qui recouvre une division plus profonde entre celles et ceux qui se sont insurgés suite à l’assassinat de George Floyd et la panique électorale des propriétaires ? Que peut encore le parti de la subversion, lorsque la droite s’est réapproprié les affects de la rébellion ? La démocratie en Amérique est-elle formellement soluble dans l’illibéralisme ? Sommes nous sur le point d’entrer dans le capital-cloud ou le techno-féodalisme ? Elon Musk relance-t-il le mythe colonial de la conquête de terres vierges dans l’espoir de soumettre une population extraterrestre et rejouer le pacte colonial où métropole démocratique et colonies dictatoriales fonctionnent de concert ? En décrétant la fin de l’Empire, Trump va-t-il ramener la violence coloniale à l’intérieur de ses frontières ? Le paradigme de la guerre civile est-il plus éclairant que celui de la fascisation ? L’humiliation est-elle la condition de possibilité du capitalisme ? L’effondrement de l’hypothèse libérale démocratique et de la mondialisation impériale appellent-ils à repenser la souveraineté ou à propager le communalisme ?
Nous vivons un interrègne dont la première des évidences est que les catégories politiques depuis lesquelles nous pensons achoppent. Parce que dans ce clair-obscur, il va bien falloir commencer à y voir quelque chose, nous recevons trois invités. Eugénie Mérieau, constitutionnaliste autrice de La dictature, une antithèse de la démocratie ? et Géopolitique de l’état d’exception, Michalis Lianos, sociologue spécialiste des dynamiques sociales et contestations contemporaines et Pablo Stefanoni, auteur de La rébellion est-elle passée à droite ? et spécialiste des hybridations capitalisto-fascisantes les plus étonnantes. Au vu de la confusion de nos propres intervieweurs, nous avons ajouté un chapitrage sous cette vidéo afin qu’il soit plus simple de naviguer à travers ces deux heures de discussion.
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