La Chronique IMPACT

6. En 1971 : LA GESTION DU VENTRE DES FEMMES DE LA RÉUNION 🇷🇪

April 03, 2022 Corinne Salvan-Mareux Season 1 Episode 6
6. En 1971 : LA GESTION DU VENTRE DES FEMMES DE LA RÉUNION 🇷🇪
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6. En 1971 : LA GESTION DU VENTRE DES FEMMES DE LA RÉUNION 🇷🇪
Apr 03, 2022 Season 1 Episode 6
Corinne Salvan-Mareux

“Le principal fléau de l’humanité n’est pas l’ignorance, mais le refus de savoir“
Simone De Beauvoir.

Malgré la départementalisation de La Réunion en 1946, des écarts considérables sont constatés en comparaison du mode de fonctionnement des institutions métropolitaines.

L’Etat français estime que la cause principale de la précarité des habitants de La Réunion serait due uniquement à la sur-croissance démographique de La Réunion.
Autrement dit, l’Etat prétend que ce sont les femmes qui sont à l’origine du sous-développement de La Réunion.
Alors qu’en réalité, il aurait juste suffit de donner aux habitants de l’île des moyens économiques et éducatifs équivalents à ceux de la métropole pour sortir de la pauvreté et de la misère le peuple réunionnais.

De 1960 à 1970, commencent alors des opérations conjointes fortes et intrusives pour contrôler la démographie à La Réunion :
1. Réguler le nombre d’enfants sur l’île en les immigrant en métropole 
2. Maitriser les naissances à venir. 

Alors, comment l’Etat réussit-il à maîtriser les naissances à l’insu des femmes réunionnaises ?

1/ Tout d’abord, d’un point de vue financier : 
Les allocations familiales sont versées selon des critères précis MAIS différents des critères Métropole. 
En métropole, les allocations familiales ont pour objectif d’inciter à la natalité. 
À La Réunion, c’est l’inverse : on cherche à ralentir drastiquement les naissances. 

De plus, d’autres conditions s’additionnent : les prestations versées sont proportionnelles aux journées de travail ….. MAIS La Réunion connaît déjà à cette époque une situation de sous-emplois et de chômage donc, très peu de familles perçoivent réellement des allocations. 

Cette mesure amène de facto la Caisse Départementale, chargée de verser les allocations familiales, à dégager un surplus. 
Ce surplus est reversé sur un Fonds spécial appelé le FASO : Fonds d’Aide Sociale Obligatoire. 
Ironie : ce fond est chargé de mener des actions d’aide à l’enfance et de la planification familiale……

2/ On sensibilise la population à la contraception : 
Via une propagande forte diffusée sur plusieurs canaux de communication :
* Publicité à la radio 
* Publicité affichée sur les routes et dans les villes
* Tracts distribués par les plannings familiaux.
Des propagandes maladroites et discriminantes. 
Parmi ces campagnes publicitaires outrageuses :
Sur l’une on y voit une boite de sardines légèrement entrouverte de laquelle dépassent des têtes d’enfants noirs. Le slogan ? « Trop c’est trop ! »
Sur d’autres panneaux publicitaires, il y est précisé « 1 enfant ça va, 2 ça va encore, 3 : assez ça suffit ! »
Les plannings familiaux distribuent des tracts illustrés avec une femme noire enceinte entourée de 8 enfants, il est écrit en gros et en gras « ASSEZ ». Au dos du tract, l’adresse de la clinique de St Benoît y est précisée. 

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“Le principal fléau de l’humanité n’est pas l’ignorance, mais le refus de savoir“
Simone De Beauvoir.

Malgré la départementalisation de La Réunion en 1946, des écarts considérables sont constatés en comparaison du mode de fonctionnement des institutions métropolitaines.

L’Etat français estime que la cause principale de la précarité des habitants de La Réunion serait due uniquement à la sur-croissance démographique de La Réunion.
Autrement dit, l’Etat prétend que ce sont les femmes qui sont à l’origine du sous-développement de La Réunion.
Alors qu’en réalité, il aurait juste suffit de donner aux habitants de l’île des moyens économiques et éducatifs équivalents à ceux de la métropole pour sortir de la pauvreté et de la misère le peuple réunionnais.

De 1960 à 1970, commencent alors des opérations conjointes fortes et intrusives pour contrôler la démographie à La Réunion :
1. Réguler le nombre d’enfants sur l’île en les immigrant en métropole 
2. Maitriser les naissances à venir. 

Alors, comment l’Etat réussit-il à maîtriser les naissances à l’insu des femmes réunionnaises ?

1/ Tout d’abord, d’un point de vue financier : 
Les allocations familiales sont versées selon des critères précis MAIS différents des critères Métropole. 
En métropole, les allocations familiales ont pour objectif d’inciter à la natalité. 
À La Réunion, c’est l’inverse : on cherche à ralentir drastiquement les naissances. 

De plus, d’autres conditions s’additionnent : les prestations versées sont proportionnelles aux journées de travail ….. MAIS La Réunion connaît déjà à cette époque une situation de sous-emplois et de chômage donc, très peu de familles perçoivent réellement des allocations. 

Cette mesure amène de facto la Caisse Départementale, chargée de verser les allocations familiales, à dégager un surplus. 
Ce surplus est reversé sur un Fonds spécial appelé le FASO : Fonds d’Aide Sociale Obligatoire. 
Ironie : ce fond est chargé de mener des actions d’aide à l’enfance et de la planification familiale……

2/ On sensibilise la population à la contraception : 
Via une propagande forte diffusée sur plusieurs canaux de communication :
* Publicité à la radio 
* Publicité affichée sur les routes et dans les villes
* Tracts distribués par les plannings familiaux.
Des propagandes maladroites et discriminantes. 
Parmi ces campagnes publicitaires outrageuses :
Sur l’une on y voit une boite de sardines légèrement entrouverte de laquelle dépassent des têtes d’enfants noirs. Le slogan ? « Trop c’est trop ! »
Sur d’autres panneaux publicitaires, il y est précisé « 1 enfant ça va, 2 ça va encore, 3 : assez ça suffit ! »
Les plannings familiaux distribuent des tracts illustrés avec une femme noire enceinte entourée de 8 enfants, il est écrit en gros et en gras « ASSEZ ». Au dos du tract, l’adresse de la clinique de St Benoît y est précisée. 

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