Salut et bienvenue dans La Chronique ! Moi c’est Manon, et chaque semaine je vous emmène en France pour découvrir sa culture, les habitudes des Français et l’art de vivre à la française !
Vous êtes nombreux et nombreuses à régulièrement me demander des recommandations de livres disons “accessibles” pour les personnes qui appprennent le français. J’ai déjà écrit deux articles de blog à ce sujet où je vous donne 20 suggestions de livres que j’ai lus, aimés, et que je pense relativement faciles pour les niveaux intermédiaires et avancés. Vous retrouverez les liens dans la description de l’épisode. Mais aujourd’hui, je vous propose un contenu un peu différent : je vais vous parler plus en détails d’un livre que j’ai lu il y a quelques années, mais dont je me souviens encore très bien car il m’a vraiment marquée ! Ce livre s’appelle “Le Bal des Folles”. Il a été écrit par Victoria Mas, une écrivaine française, et publié en 2019. C’est le premier roman de l’écrivaine mais il a reçu beaucoup de prix littéraires, et honnêtement, je comprends pourquoi ! Je vous raconte l’histoire de ce roman, mais surtout je vous donne un peu de contexte et de vocabulaire pour vous aider à mieux le comprendre !
Ce podcast est destiné aux personnes qui apprennent le français et qui souhaitent améliorer leur écoute, apprendre du vocabulaire et découvrir la culture française. Je parle lentement, mais si c’est trop difficile à comprendre pour vous, retrouvez la transcription de tous les épisodes gratuitement sur le site frenchcoffeebreak.com. Ça vous permet de m’écouter et de lire en même temps, ce qui aide grandement à me suivre. Si vous aimez ce podcast, pensez également à lui laisser 5 étoiles sur la plateforme de votre choix et à le partager avec vos amis qui apprennent le français !
“Le Bal des Folles” est un roman contemporain, puisqu’il a été publié en 2019, mais il aborde un sujet un peu plus ancien : la condition des femmes au XIXe siècle. C’est une fiction, donc ce n’est pas une biographie, ce n’est pas l’histoire d’une personne célèbre ou d’une femme en particulier. C’est un roman fictionnel mais il est inspiré d’une histoire vraie, dans le contexte historique de l’hôpital de la Salpêtrière à Paris, et plus précisément le service du célèbre Dr Charcot. Pour vous donner un peu de contexte, le Dr Charcot était un neurologue français. Il a fait beaucoup avancer la médecine à son époque car c’est lui qui a notamment découvert la sclérose en plaques. Son nom vous est peut-être familier car c’est aussi le nom d’une maladie, la maladie de Charcot, qui est une maladie neurologique dégénérative. Mais ce célèbre médecin français s’est également intéressé à la psychologie et la psychiatrie, en menant des études sur l’hystérie, alors qualifiée de maladie nerveuse et bien souvent attribuée aux femmes. Les femmes dites “hystériques” étaient considérées comme folles, on les appelait d’ailleurs les “aliénées”. Elles étaient hospitalisées, je pourrais même dire enfermées, à la Salpêtrière où elles recevaient des traitements expérimentaux comme l’hypnose ou l’électrothérapie. Et c’est de ce sujet dont parle l’écrivaine Victoria Mas dans son roman.
Le livre accompagne le parcours d’une jeune femme issue d’une famille bourgeoise, internée contre sa volonté, contre son gré, à la Salpêtrière. Ce qui signifie qu’elle a été envoyée de force à l’hôpital. Là-bas, elle fait la rencontre d’une infirmière qui sera un soutien sans faille pour elle. Ensemble, elles vont tenter de comprendre le fonctionnement de cet asile tout en se confrontant aux règles strictes qu’on imposait alors aux femmes. Le lecteur est donc invité à découvrir l’oppression que subissaient les femmes au XIXe siècle. Et on peut dire qu’elles étaient des victimes de leur époque. Elles avaient très peu de libertés, elles ne pouvaient pas prendre de décision par elles-mêmes, les hommes avaient les pleins pouvoirs sans qu’elles ne puissent réagir. Leur corps n’était même pas considéré comme celui de l’homme. Au fil des pages, nous découvrons donc des portraits de femmes, internées uniquement parce qu’elles souffrent. Certaines souffrent car elles ont vécu des drames terribles, des traumatismes, comme un viol, ou la mort d’un mari ou d’un enfant. D’autres refusent leur condition, la soumission à leur mari et à leur père, et sont donc considérées comme rebelles, ou simplement folles. Toutes ces femmes ne sont pas malades, et pourtant elles se retrouvent enfermées dans cet hôpital, simplement parce qu’elles ne rentraient pas dans le moule que la société leur imposait. Vous connaissez cette expression ? “Rentrer dans le moule” ? Ça signifie “ressembler aux autres”, “faire ce que les autres veulent qu’on fasse”, “se conformer aux codes sociaux”. Par exemple, une femme du XIXe siècle qui voulait exercer la profession d’un homme ou porter des vêtements d’homme ne rentrait pas dans le moule, puisqu’elle ne menait pas une vie conforme à ce que la société lui imposait. Donc les femmes qu’on rencontre dans le roman “ne rentrent pas dans le moule”, elles ne sont pas comme les autres, et elles sont traitées de folles. D’ailleurs, le titre du livre évoque un événement qui a vraiment existé : le Bal des Folles était une fête annuelle qui faisait partie du Carnaval de Paris et qui avait lieu dans l’hôpital de la Salpêtrière. Il avait pour objectif de présenter aux Parisiens ces femmes dites malades, hystériques. La presse en parlait, de nombreuses personnalités y assistaient. C’était un endroit où il fallait être vu ! Ce bal faisait partie des expérimentations du Dr Charcot, pour qui il était important d’exposer, de montrer les “fous”. Imaginez alors toutes ces femmes déguisées en mousquetaires, en gitanes, ou tout autre personnage grotesque, danser devant la bourgeoisie parisienne venue pour les observer comme des bêtes sauvages. C’est en fait difficile d’imaginer que ce genre de choses ait pu exister, en France, il n’y a pas si longtemps que ça !
Le roman nous fait également réfléchir sur les découvertes et les expérimentations médicales de l’époque. Les femmes sont littéralement des cobayes pour l’équipe médicale, constituée uniquement d’hommes, bien sûr. On leur fait subir des traitements barbares comme l’électrothérapie qui consistait à envoyer un courant électrique dans le cerveau, donc en quelque sorte à électrocuter le cerveau, ce qui était supposé calmer et soigner les maladies mentales. Le livre ne décrit pas les détails des traitements, donc même les âmes les plus sensibles peuvent lire ce roman, ne vous inquiétez pas ! Le but n’est pas de raconter les détails sordides des traitements cruels de l’époque mais de faire réfléchir sur les conditions de vie des malades et les techniques médicales de l’époque.
Mais alors, pourquoi je vous parle de ce livre ? Premièrement parce que je trouve l’histoire intéressante. J’ai personnellement découvert une partie de l’histoire que je ne connaissais pas vraiment et j’ai appris de nombreuses choses sur la condition féminine du XIXe siècle en France, et aussi sur le traitement des maladies mentales à cette époque. Mais je vous recommande aussi ce livre car je trouve le texte plutôt accessible. Les verbes sont conjugués au présent ou au passé composé, il n’y a pas de passé simple, ce qui simplifie beaucoup la lecture pour les niveaux débutants et intermédiaires. La structure des phrases est relativement simple également, ce qui permet de suivre l’histoire plutôt facilement.
Ce livre m’a fait beaucoup réfléchir. Déjà parce que je suis une femme, donc forcément, je suis touchée par l’oppression que subissent les personnages de ce roman, et je me sens concernée par l’histoire. J’aurais peut-être pu faire partie de ce groupe de femmes internées de force si j’avais vécu à une autre époque… Et ça fait froid dans le dos ! Mais ça m’a aussi fait réfléchir au présent : encore aujourd’hui, en 2024, des femmes à travers le monde subissent l’oppression masculine, sont privées de libertés, ne peuvent pas vivre pleinement leur existence. C’est donc un sujet très actuel finalement ! Ça me fait beaucoup de peine de penser à toutes ces femmes, et ça me fait aussi réaliser que j’ai beaucoup de chance d’être née en France, d’être libre et de pouvoir mener ma vie comme je l’entends. Ce roman appelle donc à la réflexion sur le sexisme, l’égalité des genres, la lutte pour les libertés mais aussi le traitement des maladies mentales et la considération portée aux personnes qui en souffrent. Ce n’est pas une lecture légère mais je l’ai trouvée passionnante et je vous la recommande !
La Chronique, c’est fini pour aujourd’hui ! J’espère que je vous ai donné envie de vous lancer dans une lecture en français ! Si le roman et son histoire vous intéressent, sachez que le Bal des Folles a aussi été adapté en film. C’est peut-être plus facile à comprendre si vous êtes débutant ! On se retrouve la semaine prochaine dans un nouvel épisode de La Chronique. En attendant, retrouvez French Coffee Break sur les réseaux sociaux et sur YouTube pour du contenu en français au quotidien !
